• Le site archéologique Saint-Lupien à Rezé

    Saint-Lupien à Rezé est l’un des sites archéologiques les plus importants de la région. Reconnu à l’échelle européenne, il est l’objet de fouilles programmées. Tous les ans, de juin à juillet, un chantier-école d’une cinquantaine de personnes exhume des vestiges gallo-romains. Pour expliquer les découvertes et l’histoire de la ville, un centre d’interprétation et d’animation du patrimoine (CIAP) est actuellement en construction.

     

    Le site archéologique Saint-Lupien à Rezé

    Dessin du futur CIAP

     

    Les fouilles archéologiques de Saint-Lupien

    Des premiers vestiges gallo-romains à Saint-Lupien sont sortis de terre dès le XIXe siècle mais c’est surtout lors de la construction d’un lotissement dans les années 1980 que la Ville prend conscience de l’ampleur du site et acquiert le terrain pour le protéger. En 2004, un service archéologique est créé. Depuis, des fouilles programmées sont coordonnées par l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques), la Ville de Rezé et l’Université de Nantes. Ces études aboutiront à une présentation du site dans un nouveau CIAP, qui sera muni d’un belvédère afin de visualiser l’emprise des vestiges.

     

    Le site archéologique Saint-Lupien à Rezé

    Dessin du futur CIAP installé sur le site Saint Lupien

     

    Un peu d’histoire : la ville antique de Ratiatum

    Lors de la conquête romaine, des tribus indépendantes se partagent le territoire gaulois. Au nord de la Loire, les Namnètes ont fondé la ville de Condevicnum, future ville de Nantes. En 56 avant notre ère, les Vénètes, un peuple de la région armoricaine, résistent. Afin de les vaincre, César s’allie aux Pictons, dont la capitale est Limonum (Poitiers), qui lui fournissent bois, soldats et vaisseaux. Les Vénètes sont alors défaits. Il est possible qu’en forme de récompense, les Pictons aient pu élargir leur territoire jusqu’à la Loire. Ils fondent alors Ratiatum, future ville de Rezé, qui s’étend sur deux kilomètres le long des rives et sur 500 mètres en profondeur dans les terres. Cela nous semble peu aujourd’hui mais il s’agissait d’une agglomération importante. Elle a notamment été citée par les géographes de l'époque, Strabon et Ptolémée.

     

    Le site archéologique Saint-Lupien à Rezé

    En jaune, l’emprise de Ratiatum superposée à une vue satellite actuelle de Rezé.

     

    Les vestiges du quai antique

    La position stratégique de Ratiatum en fait l’endroit idéal pour établir un port afin de favoriser le commerce, notamment avec les Namnètes, voisins du nord de la Loire. Des céramiques, aujourd’hui conservées au musée départemental Thomas Dobré (fermé pour rénovation), témoignent  des échanges avec des provinces parfois très lointaines, par exemple la région palestinienne. En 2011, des vestiges de quais monumentaux sont découverts. Il s’agit d’un cas exceptionnel en France, qui indiquent la richesse de la ville antique de Ratiatum.

     

    Le site archéologique Saint-Lupien à Rezé

    Restitution des aménagements du port gallo-romain © Art du Petit

     

    Ces quais en terrasses avançaient dans le fleuve, reliés par des murs de berges. Constitués de poutres de chêne et de fragments de micaschiste, leur état de conservation est exceptionnel. En façade, une série de poteaux situés à intervalles réguliers sont fixés par tenon et mortaise sur une sablière  (une grande poutre horizontale). Ces bois présentent des inscriptions : des chiffres romains qui servaient de repères pour l’assemblage. Datés par dendrochronologie (grâce aux cernes de croissance des arbres), ces poteaux proviennent de chênes abattus dans l’hiver 88-89 de notre ère.

     

    Le site archéologique Saint-Lupien à Rezé

    Les quais monumentaux devant la chapelle Saint-Lupien

     

    Sur la photographie, les poutres sont recouvertes d’un voile géotextile pour les conserver dans un environnement humide et à l’abri de la lumière. À proximité des quais se trouvaient des entrepôts, des ateliers et des boutiques, suivant un plan en damier typique des villes romaines. À la fin du IIe siècle après Jésus-Christ, le port commence à décliner. Les scientifiques n’en n’ont pas encore l’explication. Plusieurs hypothèses sont formulées, dont celle d’un ensablement de la Loire à cet endroit, rendant le port de Ratiatum obsolète. Aujourd’hui, les berges de la Loire se situent à 500 mètres du site.

     

    Le millefeuille archéologique de la chapelle Saint-Lupien

    La chapelle Saint-Lupien est un millefeuille archéologique car elle contient des vestiges de toutes les époques. Deux grands murs gallo-romains se croisent à angle-droit. Ils bordaient la rue qui donnait sur le quai.

     

    Le site archéologique Saint-Lupien à Rezé

     Vestiges gallo-romains situés sous la chapelle

     

    Au Moyen Âge, le site devient un centre de pèlerinage autour du tombeau d’un des premiers chrétiens de Rezé : Saint Lupien. Jusqu’au XIIe siècle, une nécropole avec différents types de sépultures occupe le site. Des sarcophages sont remployés pour les fondations de la première chapelle, construite au IXe siècle.

     

    Le site archéologique Saint-Lupien à Rezé

     Sarcophages et ossements dans les fondations de la première chapelle

     

    Le site archéologique Saint-Lupien à Rezé

    Sarcophage céphalé, à tête sculptée

     

     Au XIVe siècle, une nouvelle chapelle qui correspond au plan de l’actuelle est érigée.  Jusqu’au XVIIIe siècle, elle appartient au prieuré de l’abbaye de Geneston. Vendue à la Révolution, la chapelle Saint-Lupien devient un lieu de stockage du foin, attenant à une ferme. Au XIXe siècle, le propriétaire de la ferme découvre des ossements qu’il croit appartenir à Saint Lupien en personne et construit un caveau. À cette même période, les murs sont rehaussés et une nouvelle charpente est installée.

     

    Le site archéologique Saint-Lupien n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. Tous les ans, lors du chantier-école, de nouvelles découvertes apportent un éclairage de plus en plus précis sur l’histoire du site. Des villas, des ateliers, des thermes, un petit temple, une rue principale à portiques, des entrepôts et des quais monumentaux constituent le quartier portuaire antique de Ratiatum, à l’emplacement du quartier Saint-Lupien actuel. Au Moyen Âge, le remploi de certains bâtiments pour la nécropole a permis une conservation des fondations qui nous donne de nombreuses informations sur la vie gallo-romaine mais également sur l’évolution du site. La Ville de Rezé souhaite aujourd’hui mettre en valeur ce patrimoine et faire du site Saint-Lupien un pôle culturel et touristique à l’échelle locale mais aussi nationale. Irez-vous visiter le nouveau CIAP ?

     

    Pour aller plus loin

    Vous pouvez regarder une vidéo réalisée lors des fouilles de 2012 qui vous permettra de découvrir comment se déroule le chantier et quels sont les différents intervenants.

    Des photographies des parties en bois du quai antique sont visibles sur le site de Dendrotech.

    L’ouverture du Centre d’interprétation et d’animation du patrimoine est prévue pour septembre 2015.

    « L'exposition Fernand LégerL’installation Supersymmetry »

    Tags Tags : , , , , , , , ,
  • Commentaires

    1
    lebot Maïtée
    Dimanche 10 Janvier 2016 à 09:55

    Bonjour. Formitable d'avoir un tel site à sa porte, nous l'avons visité il y a 3 ou 4 ans. je cherche pour deux de mes petits enfants de 8 ans des animations, des visites, des ateliers sur cette époque , autour de Nantes, existe-t-il des choses autour de Saint Lupien? Merci

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :