Le nouveau spectacle de la saga des géants
Le mur de Planck, c’est le nom donné à la limite de notre connaissance de l’Univers, une frontière infranchissable pour la science aujourd’hui. Ce spectacle aurait-il donc un rapport avec la physique quantique ? Heureusement, non ! Il s’agit d’un mur de Planck métaphorique et poétique qui s’est matérialisé sur l’île Gloriette sous la forme d’un mur de lampes, symbolisant l’énergie et la lumière déployées après le big bang. Le synopsis de ce spectacle est : une grand-mère géante venue de l’espace, au-delà du mur de Planck, rend visite aux Nantais pour leur raconter leur histoire dans un dialecte oublié.
Le petit géant au milieu d'une marée humaine, cours des cinquante otages
Un nouveau personnage haut en couleur : la grand-mère
Le petit géant noir n’est pas nouveau : il est déjà venu à Nantes dix ans plus tôt. En revanche, la grand-mère a été créée spécialement pour l’occasion. Il s’agit d’une grand-mère un peu spéciale… Elle boit du whisky au petit déjeuner, elle crache, elle lâche des gaz en marchant et fait même pipi debout ! Elle se déplace soit en fauteuil roulant, soit avec sa canne et parle dans un langage incompréhensible mais traduit par un lilliputien. Du haut de ses 7,40 mètres, elle a un visage aux traits doux et assez réalistes : l’effet peau est vraiment réussi.
La grand-mère géante allongée dans son fauteuil
Bilan de ces jours de festivités
Personnellement, j’ai été un peu frustrée par ce volet de la saga des géants. Je suis allée les voir deux jours et pourtant, je n’ai pas le sentiment d’avoir vu grand-chose, contrairement à 2009, où j’avais pu voir le scaphandrier partir sur un porte-conteneur dans le port de Saint-Nazaire ou même être hissé au dessus de la ligne de tram à Nantes. J’avais aussi vu la petite géante faire de la trottinette et même prendre sa douche, ce qui était très impressionnant car les lilliputiens doivent être coordonnés à la seconde près pour que le personnage prenne vie. Cette année, j’ai aperçu le petit géant noir marcher et prendre son goûter sur la place du Bouffay et la grand-mère déambuler dans son fauteuil et cracher. J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup (trop) de monde et que les informations n’étaient pas assez précises pour pouvoir bien se positionner en attendant les géants. J’ai manqué les moments marquants : la grand-mère marchant avec sa canne, les histoires racontées et le départ des géants sur la Loire avec fumée, musique et eau colorée en vert.
Le goûter du petit géant, place du Bouffay
Le coût du spectacle !
J’ai voulu m’intéresser au coût d’une telle manifestation puisque c’est la critique majeure qui a été véhiculée dans les médias (alors qu’on aurait pu aussi émettre quelques bémols sur la qualité du spectacle, le mouvement des intermittents en parallèle et aussi sur l’organisation… mais passons !). En termes de production, c’est-à-dire création du spectacle et répétitions, 1,8 million d’euros ont été dépensés dont 1,5 million par la Ville de Nantes. En ce qui concerne la diffusion, le montant dépensé par la municipalité s’élève à 700 000 euros. David Martineau, adjoint à la culture de Nantes, estime que cela équivaut à 3 ou 4 euros par spectateur. J’imagine bien que les retombées économiques sont importantes et que la municipalité va très vite publier un rapport afin de faire taire les grincheux qui trouvent que le coût du spectacle est quand même vraiment élevé ! « La cohésion sociale » étant à la mode en ce moment dans le jargon culturel, elle servira sûrement à justifier ce prix déraisonnable. Pour donner un ordre d’idée, le prix d’une grande exposition est trois fois moins cher et en général, elle s’étale sur plusieurs mois, pas sur quelques jours… Mais ici, il s’agit de spectacle vivant et dans ce domaine, les prix sont exorbitants !
Pour faire durer le plaisir et justifier une telle dépense, nous pourrions imaginer une ramification de cet évènement sous la forme d'une publication, d'un concours photographique ou encore d'une exposition présentant la conception des géants, leur histoire et les spectacles présentés. Ceci permettrait aux visiteurs de découvrir ou redécouvrir les géants de Royal de luxe et de prolonger l'expérience. Le musée Jules Verne, la Médiathèque, le musée du Château ou encore le Hangar à bananes pourraient très bien servir de vitrine à cette manifestation culturelle.
La grand-mère géante sur son fauteuil roulant
Pour conclure, cette année, la magie Royal de luxe a moins opéré sur moi. Sans doute parce qu’il n’y a plus le plaisir de la découverte et parce que la foule géante ne m’a pas permis de tout voir à ma convenance. Cependant, le personnage de la grand-mère m’a conquis par son réalisme. Et c’était aussi l’occasion de tester le Bicloo (Vélib’ nantais) puisque les trams étaient bondés. J’avoue que j’attends quand même avec impatience le prochain épisode de la saga des géants… puisque la nouvelle municipalité s’est engagée à renouveler l’expérience ! Et pourquoi pas une exposition sur le sujet ?
Pour aller plus loin
Télénantes a diffusé plusieurs reportages qui vous permettront de voir ou revoir (ou mieux voir) les éléments principaux du spectacle.
Vous pouvez également consulter la galerie photo du site de Royal de luxe et les destinations de la tournée mondial du mur de Planck.