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Présenter l’irreprésentable au Hangar à bananes

Pourquoi se rendre à cette exposition ?

L’intérêt de cette exposition réside dans la découverte des trois artistes exposés et dans la force des œuvres présentées. J’ai particulièrement aimé le travail d’Alain Fleischer que je trouve très poétique et particulièrement esthétique. La vidéo Les hommes dans les draps a d’ailleurs été choisie pour concevoir l’affiche de l’exposition. D’autres œuvres m’ont interpellée comme par exemple Hitler et Eva Braun cinéastes dans laquelle les films personnels du couple en vacances dans les Alpes bavaroises sont accompagnés de photographies en noir et blanc des films ayant reçu le visa d’exploitation par le gouvernement Nazi. Les plus grands criminels de l’histoire de l’humanité y sont montrés souriants et détendus dans des scènes de vie intimes ou festives.

 

Alain Fleischer Les hommes dans les draps 1998

Alain Fleischer, Les hommes dans les draps (détail), 1998

 

Une émotion se crée par la force des œuvres, qu’elle soit positive ou négative. Les images montrées sont d’une grande diversité et l’on en ressort à la fois charmé, amusé et scandalisé. Certaines œuvres sont accompagnées d’un avertissement pour les personnes sensibles. Dans le Labyrinthe de Jean-Jacques Lebel, le visiteur se retrouve piégé au milieu de photographies des tortures infligées aux prisonniers irakiens par la CIA à Bagdad. Je vous déconseille donc vivement d’y entrer si vous ne souhaitez pas être heurté. Par ailleurs, ne venez pas avec vos enfants, l’exposition ne leur est pas adressée.

 

Les trois artistes présentés à travers trois œuvres

Jean-Jacques Lebel a proposé d’organiser cette exposition autour du  Grand Tableau antifasciste collectif de 1960, qui dénonce la torture pendant la guerre d’Algérie. Avec cinq autres artistes majoritairement italiens, il a créé cette œuvre colorée qui se présente sous la forme d’un patchwork composé de multiples figures, de motifs décoratifs et de collages. Cette toile révèle une histoire non communiquée au public : le viol d’une militante algérienne par quatre parachutistes français en uniforme. Lors de sa première exposition en 1961, l’œuvre est saisie. Rendue en 1988, les traces de pliures trahissent son long placement sous séquestre.

 

Grand tableau antifasciste

Jean-Jacques Lebel, Enrico Baj, Roberto Crippa, Gianni Dova, Errò, Antonio Recalcati, Grand tableau antifasciste collectif, 1960

 

Entamé il y a plus de 25 ans, Le théâtre pour la main de Danielle Schirman a été terminé spécialement pour cette exposition. Il se présente sous la forme d’un diptyque composé d’un livre à systèmes et d’un film montrant l’envers du livre : lorsque les languettes sont soulevées, les tableaux du XVIIIe siècle se transforment en scènes érotiques. Cette œuvre réalisée en hommage au Marquis de Sade joue sur les apparences trompeuses. D’ordinaire, les livres animés sont réservés aux enfants tandis que celui-ci s’adresse aux adultes. La société aristocratique élégante qui peuple les salons et les jardins du livre se révèle finalement grivoise.

 

Présenter l’irreprésentable au Hangar à bananes

Danielle Schirman, Théâtre pour la main (livre), 2014

 

Depuis 1998, Alain Fleischer renouvelle son installation Le regard des morts. Le spectateur est invité à entrer dans une pièce plongée dans le noir où seules quelques ampoules rouges permettent de voir des rangées de paires d’yeux au sol. Il s’agit de photographies du regard des soldats décédés lors de la Première Guerre mondiale installées dans des bacs photographiques remplis d’eau. Ces images vont disparaître pendant la durée de l’exposition. Très fragiles, si la moindre lumière extérieure entrait dans cette pièce, les regards s’effaceraient. Cette œuvre offre une réflexion sur la mémoire et notre rapport à la mort.

 

Par ailleurs, deux tableaux anciens du musée des Beaux-Arts viennent appuyer le thème de l’exposition : Ixion précipité dans les enfers de Jules Élie Delaunay et Judith qui vient de trancher la tête d’Holopherne de Giovanni Battista Spinelli. Cette dernière a déjà été présentée cet été au Passage Sainte Croix par les artistes Anne et Patrick Poirier qui travaillent également sur la mémoire.

 

Présenter l’irreprésentable au Hangar à bananes

Jules Elie Delaunay, Ixion précipité dans les enfers, 1876

 

HAB Galerie - 21 quai des Antilles - Entrée libre

Exposition ouverte de 13h à 18h du mercredi au vendredi et jusqu'à 19h le weekend. Le caractère violent ou érotique de certaines œuvres est susceptible de heurter la sensibilité des visiteurs. 

 

 

 

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